Le télétravail s’installe durablement mais creuse de nouvelles inégalités



Jeudi 7 Novembre 2024
Aurélien Delacroix

Quatre ans après le choc de la crise sanitaire, le télétravail demeure ancré dans les habitudes de millions de salariés français. Deux études de la Dares révèlent que si la proportion de télétravailleurs a baissé par rapport aux confinements, elle reste plus élevée qu’avant la pandémie. Mais cette transformation du travail à distance accentue aussi des disparités sociales et professionnelles, et modifie l’équilibre entre vie personnelle et relations au travail.


Télétravail : un phénomène durable mais inégalitaire

La crise du Covid-19 a radicalement changé les pratiques de télétravail, transformant un mode de travail auparavant marginal en un usage presque généralisé. En 2019, seuls 9 % des salariés français travaillaient occasionnellement à distance. Ce chiffre est monté à 44 % au plus fort de la pandémie, pour se stabiliser aujourd’hui autour de 26 %, selon les chiffres de la Dares. Cette pratique, autrefois concentrée chez les cadres, a progressivement touché d'autres catégories de travailleurs, notamment les professions intermédiaires et les employés.

Cependant, les études montrent que tous les métiers ne sont pas égaux face au télétravail. Dans les secteurs de la banque, de l’informatique ou des assurances, la majorité des salariés a adopté ce mode de travail. En revanche, 97 % des ouvriers et une grande majorité des employés continuent de travailler exclusivement sur site. La possibilité de travailler à domicile reste donc largement influencée par la nature du poste et le type de contrat : 92 % des télétravailleurs sont en CDI ou fonctionnaires, tandis que seuls 8 % des contrats précaires bénéficient de cette flexibilité.

Des répercussions sur la vie personnelle

Pour les salariés ayant adopté le télétravail, les études révèlent un impact positif sur les conditions de travail, particulièrement en termes d’autonomie et de réduction de la pression. En effet, 33 % des télétravailleurs estiment que la gestion de leur emploi du temps est facilitée lorsqu'ils travaillent à domicile, et ils se disent moins interrompus dans leurs tâches. Cet équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle semble également mieux respecté : les télétravailleurs évoquent moins de conflits avec leurs proches sur leurs horaires de travail, une différence attribuée à l’absence de temps de trajet.

Cependant, le télétravail ne fait pas l’unanimité sur tous les aspects. Les interactions avec les collègues et les supérieurs sont nettement moins fréquentes, ce qui limite les échanges informels et les discussions d’équipe. Selon la Dares, 23 % des télétravailleurs déplorent une difficulté accrue à coordonner leurs tâches avec leurs collègues. Ce mode de travail limite aussi l’accès à des ressources professionnelles comme les équipements techniques et les formations, ce qui laisse certains travailleurs moins bien équipés pour accomplir leurs missions à distance.

Si le télétravail permet une meilleure disponibilité pour la vie de famille, notamment grâce à la réduction des trajets domicile-travail, son impact diffère entre hommes et femmes. Les études montrent que les hommes, en couple et télétravaillant, bénéficient de plus de temps libre, mais ne consacrent pas davantage de ce temps aux tâches domestiques. Près de 60 % des femmes en télétravail assument toujours plus de sept heures de tâches ménagères par semaine, une charge inégale que le télétravail n’a pas résorbée.








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