Une étude réalisée en 2013 sous la forme d'une cartographie montrait que déjà plus de 200 espaces publics numériques (EPN) expérimentaient le prêt de matériels de lecture numérique. Le site NetPublic commentait alors : « Signe d’une demande des usagers et des professionnels, cette carte a déjà été consultée plus de 36 000 fois à ce jour. » Et la tendance n'a pas faibli. Aujourd'hui, de nombreuses bibliothèques publiques expérimentent le prêt de tablettes et de liseuses et les personnels se forment de plus en plus à la gestion de ces nouveaux dispositifs.
De quoi s'agit-il exactement ?
Les bibliothèques mettent tout d'abord des liseuses ou des tablettes à disposition de leurs lecteurs. Les liseuses sont aujourd'hui particulièrement prisées par les lecteurs assidus, qui apprécient de pouvoir emporter avec eux toute une bibliothèque ne pesant que 200 grammes environ. Des tablettes numériques sont également prêtées selon les cas et sont d'abord dédiées à la consultation sur place d'internet, des emails et d'applis, ou, par exemple, de presse en ligne. Pour autant, elles servent également à la lecture de livrse bien qu'ayant un confort de lecture moindre que les liseuses pour cet usage précis. A l'instar des bibliothèques de la ville de Paris qui mettent à disposition depuis peu 1100 liseuses T3 Sony et 250 tablettes iPads, les liseuses sont en général prêtées aux lecteurs comme un livre papier tandis que les tablettes sont plutôt utilisables sur place. Les droits et usages des contenants et des contenus ne sont toujours pas tranchés.
Le livre numérique fait toujours débat
Depuis l'apparition des livres numériques, il y a environ 10 ans, les bibliothèques ont souhaité pouvoir en faire profiter leurs lecteurs. Mais le prêt d'objets immatériels a suscité de nombreux débats et positions divergentes entre éditeurs, distributeurs et bibliothèques du fait de la démultiplication possible du fichier informatique que constitue le livre numérique et des craintes des éditeurs de voir leurs fichiers piratés, tout comme musiques et films ont pu l’être sur internet. « Il faut tout d’abord multiplier les offres légales numériques. Le marché doit se développer sans monopole et de manière interopérable, c’est la vraie réponse au piratage », précise ainsi Vincent Montagne, PDG de Média-Participations et président du SNE. Les bibliothèques sont une partie de la réponse.
Mais les bibliothèques doivent acquérir leurs livres numériques via des services dédiés qui leur permettent de démultiplier le fichier ou de garantir plusieurs accès simultanés au même fichier. Cette offre de services, le plus souvent matérialisée par un abonnement, est beaucoup plus complexe et beaucoup plus chère que l'achat de fichiers numériques sur Internet par un particulier. Aussi, les bibliothèques sont aujourd'hui confrontées à des problèmes de coût, de complexité d'implémentation et de gestion patrimoniale.
En effet, les fichiers ne sont en général pas acquis de manière pérenne comme pourraient l'être les livres papier. Ils sont "loués" pour une période d'un an en général et la bibliothèque doit renouveler son "abonnement" l'année suivante. Certaines offres incluent l'achat pérenne du fichier mais le prix n'a plus rien à voir avec l'achat de la version papier. D'où la difficulté d'organiser un service de prêt de liseuses qui s'avère très coûteux au final. Les bibliothèques doivent donc anticiper le nombre d'accès simultanés que pourraient générer chaque livre ainsi que la pérennité de leur achat (simple location pour un temps limité ou achat définitif, le livre venant alors enrichir leur fonds de manière définitive).
Les droits d'auteur en question
Le livre numérique aujourd'hui, ce sont aussi des débats sur l'application des droits d'auteurs aux fichiers numériques ainsi que sur le prix du livre numérique, animant là encore les professionnels de l'édition, les distributeurs et les auteurs. Les auteurs considèrent que leurs droits doivent être bien supérieurs dans le cas d'une version numérique de leur œuvre que pour la version papier, notamment parce qu'ils considèrent que la « fabrication » du fichier numérique est bien moins coûteuse pour l'éditeur que celle du livre papier. Ce à quoi l'éditeur explique qu'il n'en est rien, surtout lorsque celui-ci est obligé d'externaliser le processus de numérisation. Si le coût de diffusion ou de distribution est très faible (simple copie ou téléchargement d’un fichier), le coût de conception additionne ceux d’un livre papier (les exigences qualitatives sont les mêmes) à ceux de la numérisation et de l’ajout de contenus interactifs. A cette question du prix s’ajoute souvent l’erreur qui consiste à faire supporter uniquement au livre papier les coûts dits de prépresse (pourtant quasi-identiques) et les coûts de promotion-communication. Au final, même si le livre papier pâtit des coûts d’impression et de distribution, la facture globale est quasiment comparable, avec bien souvent des droits d’auteur plus faibles dans le cas d’un livre numérique, compte de coûts que l’on ne soupçonne pas toujours.
Les solutions existantes
Le premier libraire numérique Numilog, apparu en 2000, au même moment que le premier support de lecture (le Cybook), est aujourd'hui le principal fournisseur de livres des bibliothèques publiques. Dès 2004, Numilog a créé sa Bibliothèque Numérique, un service destiné aux bibliothèques et proposant le prêt de livres numériques. En 2008, cette société est devenue la filiale d'Hachette Livre, premier groupe d'édition français, qui trouve là une solution pour distribuer ses titres aux bibliothèques. Aujourd'hui, Numilog commercialise plus de 50 000 livres numériques, non seulement aux bibliothèques mais également aux particuliers et bénéficie de partenariats avec plus de 100 éditeurs. En 2012, Hachette se sépare de sa filiale mais reste un acteur majeur du service. La filiale américaine d'Hachette a d'ailleurs une longueur d'avance sur le prêt de livres numériques grâce à sa présence sur le service OverDrive, plébiscité par les bibliothèques publiques, scolaires et universitaires dans tout le pays.
Reste enfin la question des formats, qui mériterait, à l’instar de ce qui s’est passé dans la musique et les formats vidéo, d’être harmonisée globalement. En effet, on assiste toujours à une véritable guerre entre constructeurs de supports de lecture, aboutissant à de nombreux standards constituant des freins à l'interopérabilité entre les écosystèmes (Apple, Amazon...). Là encore, les bibliothèques doivent s'adapter et acheter, au besoin, autant de fichiers que de type de liseuses prêtées. Pour autant, les bibliothèques ne souhaitent pas attendre plus longtemps avant de faire profiter leurs lecteurs de cette inévitable et réjouissante nouvelle opportunité de lecture. Une initiative qui permet aux lecteurs néophytes de découvrir un nouvel univers digital et aux gros lecteurs de s’adonner encore plus à leur passion.
De quoi s'agit-il exactement ?
Les bibliothèques mettent tout d'abord des liseuses ou des tablettes à disposition de leurs lecteurs. Les liseuses sont aujourd'hui particulièrement prisées par les lecteurs assidus, qui apprécient de pouvoir emporter avec eux toute une bibliothèque ne pesant que 200 grammes environ. Des tablettes numériques sont également prêtées selon les cas et sont d'abord dédiées à la consultation sur place d'internet, des emails et d'applis, ou, par exemple, de presse en ligne. Pour autant, elles servent également à la lecture de livrse bien qu'ayant un confort de lecture moindre que les liseuses pour cet usage précis. A l'instar des bibliothèques de la ville de Paris qui mettent à disposition depuis peu 1100 liseuses T3 Sony et 250 tablettes iPads, les liseuses sont en général prêtées aux lecteurs comme un livre papier tandis que les tablettes sont plutôt utilisables sur place. Les droits et usages des contenants et des contenus ne sont toujours pas tranchés.
Le livre numérique fait toujours débat
Depuis l'apparition des livres numériques, il y a environ 10 ans, les bibliothèques ont souhaité pouvoir en faire profiter leurs lecteurs. Mais le prêt d'objets immatériels a suscité de nombreux débats et positions divergentes entre éditeurs, distributeurs et bibliothèques du fait de la démultiplication possible du fichier informatique que constitue le livre numérique et des craintes des éditeurs de voir leurs fichiers piratés, tout comme musiques et films ont pu l’être sur internet. « Il faut tout d’abord multiplier les offres légales numériques. Le marché doit se développer sans monopole et de manière interopérable, c’est la vraie réponse au piratage », précise ainsi Vincent Montagne, PDG de Média-Participations et président du SNE. Les bibliothèques sont une partie de la réponse.
Mais les bibliothèques doivent acquérir leurs livres numériques via des services dédiés qui leur permettent de démultiplier le fichier ou de garantir plusieurs accès simultanés au même fichier. Cette offre de services, le plus souvent matérialisée par un abonnement, est beaucoup plus complexe et beaucoup plus chère que l'achat de fichiers numériques sur Internet par un particulier. Aussi, les bibliothèques sont aujourd'hui confrontées à des problèmes de coût, de complexité d'implémentation et de gestion patrimoniale.
En effet, les fichiers ne sont en général pas acquis de manière pérenne comme pourraient l'être les livres papier. Ils sont "loués" pour une période d'un an en général et la bibliothèque doit renouveler son "abonnement" l'année suivante. Certaines offres incluent l'achat pérenne du fichier mais le prix n'a plus rien à voir avec l'achat de la version papier. D'où la difficulté d'organiser un service de prêt de liseuses qui s'avère très coûteux au final. Les bibliothèques doivent donc anticiper le nombre d'accès simultanés que pourraient générer chaque livre ainsi que la pérennité de leur achat (simple location pour un temps limité ou achat définitif, le livre venant alors enrichir leur fonds de manière définitive).
Les droits d'auteur en question
Le livre numérique aujourd'hui, ce sont aussi des débats sur l'application des droits d'auteurs aux fichiers numériques ainsi que sur le prix du livre numérique, animant là encore les professionnels de l'édition, les distributeurs et les auteurs. Les auteurs considèrent que leurs droits doivent être bien supérieurs dans le cas d'une version numérique de leur œuvre que pour la version papier, notamment parce qu'ils considèrent que la « fabrication » du fichier numérique est bien moins coûteuse pour l'éditeur que celle du livre papier. Ce à quoi l'éditeur explique qu'il n'en est rien, surtout lorsque celui-ci est obligé d'externaliser le processus de numérisation. Si le coût de diffusion ou de distribution est très faible (simple copie ou téléchargement d’un fichier), le coût de conception additionne ceux d’un livre papier (les exigences qualitatives sont les mêmes) à ceux de la numérisation et de l’ajout de contenus interactifs. A cette question du prix s’ajoute souvent l’erreur qui consiste à faire supporter uniquement au livre papier les coûts dits de prépresse (pourtant quasi-identiques) et les coûts de promotion-communication. Au final, même si le livre papier pâtit des coûts d’impression et de distribution, la facture globale est quasiment comparable, avec bien souvent des droits d’auteur plus faibles dans le cas d’un livre numérique, compte de coûts que l’on ne soupçonne pas toujours.
Les solutions existantes
Le premier libraire numérique Numilog, apparu en 2000, au même moment que le premier support de lecture (le Cybook), est aujourd'hui le principal fournisseur de livres des bibliothèques publiques. Dès 2004, Numilog a créé sa Bibliothèque Numérique, un service destiné aux bibliothèques et proposant le prêt de livres numériques. En 2008, cette société est devenue la filiale d'Hachette Livre, premier groupe d'édition français, qui trouve là une solution pour distribuer ses titres aux bibliothèques. Aujourd'hui, Numilog commercialise plus de 50 000 livres numériques, non seulement aux bibliothèques mais également aux particuliers et bénéficie de partenariats avec plus de 100 éditeurs. En 2012, Hachette se sépare de sa filiale mais reste un acteur majeur du service. La filiale américaine d'Hachette a d'ailleurs une longueur d'avance sur le prêt de livres numériques grâce à sa présence sur le service OverDrive, plébiscité par les bibliothèques publiques, scolaires et universitaires dans tout le pays.
Reste enfin la question des formats, qui mériterait, à l’instar de ce qui s’est passé dans la musique et les formats vidéo, d’être harmonisée globalement. En effet, on assiste toujours à une véritable guerre entre constructeurs de supports de lecture, aboutissant à de nombreux standards constituant des freins à l'interopérabilité entre les écosystèmes (Apple, Amazon...). Là encore, les bibliothèques doivent s'adapter et acheter, au besoin, autant de fichiers que de type de liseuses prêtées. Pour autant, les bibliothèques ne souhaitent pas attendre plus longtemps avant de faire profiter leurs lecteurs de cette inévitable et réjouissante nouvelle opportunité de lecture. Une initiative qui permet aux lecteurs néophytes de découvrir un nouvel univers digital et aux gros lecteurs de s’adonner encore plus à leur passion.