L’entrepreneur, qui a annoncé donner toute sa fortune personnelle pour des projets à impact et pour les plus fragiles, a connu avant le succès de Smartbox une série de déconvenues en affaires.
C’est dans le monde du gaming qu’il effectue ses premières armes. Entre 1999 et 2001, il monte une entreprise de vente de jeux vidéo sur Internet. L’intuition est bonne, et la société décolle, suscitant succès, convoitise, mais aussi peut être trop d’espoir : il préfère décliner une offre de rachat de France Telecom, et subit quelques mois plus tard de plein fouet l’effondrement de la bulle internet en 2001, et ne trouve plus alors aucun repreneur.
Une mise de départ de 5.000 euros
L'entrepreneur confie avoir passé dix ans à rebâtir le patrimoine qu'il avait perdu. Durant cette période difficile, il a même dû retourner vivre chez ses parents pendant 3 ans, de ses 24 à ses 27 ans.
Loin de se décourager, Pierre-Edouard Stérin poursuit son aventure entrepreneuriale et en 2003, il fonde Smartbox. Avec un capital de départ s’élevant à 5. 000 euros, l’entreprise de coffrets cadeaux bondit rapidement, et affiche un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros, seulement sept ans plus tard, devenant ainsi leader européen sur ce secteur.
Les embûches pourtant sont toujours là. Face à ce succès, Pierre-Edouard Stérin est accusé d’exercice illégal de la profession d’agent de voyages. À l’issue d’une longue bataille judiciaire, il obtient gain de cause et la loi est modifiée, de façon à libéraliser l’activité de vente de voyages. En 2010, Pierre-Edouard Stérin se retire de l’opérationnel mais reste l’un des principaux actionnaires de Smartbox.
80 millions d’euros par an pour des œuvres caritatives
Ces échecs ont marqué Pierre-Edouard Stérin, et lui ont fait comprendre que réussir était une chance entraînant de grandes responsabilités. Aujourd’hui à la tête d’Otium Capital, fonds d’investissement gérant 1,2 milliard d’euros, l’homme d’affaires investit dans une centaine d’entreprises, et ces investissement génèrent un taux de retour sur investissement (TRI) de 25% annuel depuis sept ans, un taux parmi les meilleurs de cette profession. La différence avec les autres acteurs du secteur est pourtant que cet argent est très largement reversé vers des projets pour les plus fragiles : 80 millions d’euros par an sont réorientés vers un fonds de dotation, le Fonds du Bien Commun.
Cet argent doit servir à « donner, prêter ou investir sur des sujets importants pour les Français…», explique Pierre-Édouard Stérin. Le Fonds du bien commun finance aujourd’hui plus de 150 projets, tels que l'association À Bras Ouverts et l'Alliance Siméon, qui œuvrent pour l’inclusion des personnes porteuses de handicap et une meilleure prise en compte de nos aînés. Les anglo-saxons appellent cela le « give back » : quand on a beaucoup reçu on a le devoir de donner beaucoup. Une certitude acquise au travers des revers et des échecs d’une vie d’entrepreneur.