Cet accord, arraché au terme d'une négociation qui a tenu en haleine les participants durant 16 heures (!), sera avalisé par les chefs d'États et de gouvernement de l'Union. Malgré les difficultés et les frustrations issues de ces discussions sans fin, il s'agit là du saut fédéral le plus important depuis la création de la monnaie unique. Il était de plus capital de parvenir à un accord avant les élections européennes qui auront lieu fin mai : pas question de tout remettre sur la table en cas d'éventuel changement de majorité au Parlement de Strasbourg.
L'une des surprises de cet accord est l'abandon par l'Allemagne de plusieurs de ses prérogatives. Ainsi, le financement du fonds par les banques, qui devait s'étaler sur dix ans, se réduit finalement à huit années, avec des ressources représentant 60% des besoins dès la deuxième année (100% au bout de huit ans). À terme, ce fonds devra être fort de 55 milliards d'euros et il aura la possibilité d'emprunter sur les marchés. Il sera la pierre angulaire du mécanisme, puisque les banques en grande difficulté pourront piocher dans ce coffre-fort. Le Parlement souhaitait un fonds abondé en trois ans, l'Allemagne (et d'autres pays de l'UE) en dix ans.
Au finale, il s'agit malgré les crispations d'un gros effort pour l'Union européenne qui se dote ici de moyens efficaces et conséquents pour faire face à une crise bancaire. Plus question de risquer le va-tout à chaque faillite possible d'un établissement aux comptes critiques…