
Avec "seulement" 0,5 % d'inflation en rythme annuel au mois de mai, lorsqu'en avril on enregistrait encore 0,7 % d'augmentation des prix sur douze mois glissants, les économistes sont inquiets. A ce niveau d'inflation, indolore, le spectre de la déflation n'est plus loin. Pourquoi fait-elle tant peur ? Imaginez un instant que vous souhaitiez acheter une voiture. Vous espérez faire une bonne affaire. Or, pour faire une bonne affaire, le bon conseil est d'attendre quelques semaines pour que le prix de la voiture qui vient de sortir baisse, une fois l'effet de nouveauté passé. Avec un appartement, même chose : mis sur le marché à un certain prix, tous les acheteurs potentiels attendent que le prix baisse au bout de deux mois. Le problème de la spirale déflationniste, c'est que l'attente se prolonge, tirant chaque fois un peu plus les prix vers le bas.C'est pour cette raison que la Banque Centrale Européenne a pris la décision jeudi 5 juin de baisser ton taux directeur, passant de 0,25 à 0,15 %, mais surtout de fixer pour la première fois de son histoire son taux de facilité sous la barre du zéro, à -0,1 %. Decryptage : si une banque (les particuliers ne placent pas leur argent à la BCE) laisse dormir de l'argent sur un compte de la banque centrale, il lui en coûtera 0,1% par mois ! L'objectif est bien évidemment de faire fuir l'argent déposé par les banques "à l'abri" sur les comptes de la BCE pour qu'il vienne à nouveau irriguer l'économie, financer les entreprises, et permettre d'octroyer des prêts aux particuliers pour consommer. La baisse du taux directeur à 0,15 % est également conçue dans cet objectif : Cela signifie qu'une banque, pour prêter à une entreprise ou un particulier, peut à son tour emprunter auprès de la BCE à "seulement" 0,15 %... autant dire que vous allez pouvoir négocier encore plus votre taux d'intérêt avec votre banquier, alors même que les prêts sont déjà à des niveaux historiquement bas.