Quotas CO2 : Stellantis s'allie à Tesla pour pour contourner les amendes



Jeudi 9 Janvier 2025
Aurélien Delacroix

Face à des normes européennes sur les émissions de CO2 toujours plus strictes, plusieurs constructeurs automobiles traditionnels envisagent de racheter des crédits d’émissions à Tesla, le leader de l’électrique. Une stratégie qui permettrait d’éviter de lourdes amendes tout en soulignant les limites du marché actuel des véhicules électriques.


Lourdes sanctions et alliances stratégiques

À partir de cette année, les normes européennes sur les émissions de CO2 imposeront aux constructeurs automobiles des objectifs encore plus rigoureux. Le seuil moyen est désormais fixé à 93,6 grammes de CO2 par kilomètre pour chaque véhicule vendu. À défaut de respecter ces limites, les fabricants devront s’acquitter de pénalités particulièrement salées : 95 euros par gramme de dépassement et par voiture. Les montants cumulés pourraient atteindre 15 milliards d’euros pour certains groupes.

Dans ce contexte, Tesla, avec son portefeuille conséquent de crédits d’émissions, devient un allié inattendu des grands noms de l’automobile thermique. Le constructeur américain propose de vendre ces crédits aux entreprises qui peinent à aligner leurs résultats sur les exigences de l’Union européenne. Stellantis, Toyota, Ford, Mazda et Subaru ont ainsi confirmé leur intention de former un groupement avec Tesla pour 2025. « Cette démarche nous permettra d’atteindre nos objectifs d’émissions tout en optimisant nos ressources », a indiqué Stellantis par communiqué.

Ce mécanisme de rachat de crédits n’est pas nouveau : des marques comme Jaguar ou Honda y ont déjà eu recours ces dernières années. Cependant, il soulève des critiques au sein du secteur. Certains dirigeants, comme ceux de Renault, s’interrogent sur la pertinence de financer ainsi des concurrents directs.

Un système critiqué de quotas CO2

Outre les rumeurs de collaborations avec Tesla, d’autres alliances se dessinent. Mercedes a choisi de se regrouper avec des marques électriques européennes comme Volvo et Polestar, toutes deux contrôlées par le géant chinois Geely. Une alternative pour réduire son empreinte carbone tout en restant compétitif. Volkswagen, de son côté, se tournerait vers des partenariats avec des constructeurs chinois, renforçant l’idée d’un marché électrique dominé par l’Asie.

En parallèle, vendre davantage de véhicules électriques pourrait sembler une solution évidente. Pourtant, la croissance de ce segment marque le pas, comme en témoigne le ralentissement des ventes en 2024. Des facteurs tels que le coût élevé des batteries et le manque d’infrastructures de recharge continuent de freiner les acheteurs.

Alors que l’étau réglementaire se resserre, ces stratégies de contournement traduisent à la fois une adaptation nécessaire et les limites d’un système qui pousse à des solutions temporaires. Si l’Union européenne espérait accélérer la transition écologique, elle fait face à une réalité économique complexe, où alliances inattendues et critiques internes se multiplient. L’industrie automobile européenne, prise entre des objectifs ambitieux et des contraintes opérationnelles, devra innover rapidement pour ne pas se laisser distancer.








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