Le président Tokaïev esquisse le nouveau modèle économique du Kazakhstan



Mercredi 6 Septembre 2023

Lors de son discours annuel sur l’état de la nation, le 1er septembre 2023, le président kazakh a dessiné les contours du nouveau modèle économique de son pays. Il a également annoncé l’organisation d’un référendum sur le nucléaire. Et réaffirmé sa volonté que son pays joue le rôle de plaque tournante logistique entre l’Europe et l’Asie, surtout dans le contexte géopolitique actuel.


Elu en 2019 après près de 30 ans de règne ininterrompu de Noursoultan Nazarbaïev, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a engagé depuis plusieurs mois son pays dans une frénésie réformatrice. En septembre 2022, il annonçait une série ambitieuse de réformes politiques, institutionnelles et sociétales, destinées à libéraliser le pays. Et cette année, le 1er septembre 2023, le discours sur l’état de la nation du président kazakh, devant les deux chambres du Parlement, des membres du gouvernement, des représentants du secteur public et d’organisations non gouvernementales, était placé sous le signe de l’économie.
 
Tout en rappelant les grandes réformes politiques entreprises par le pays depuis 2022, K.-J. Tokaïev a expliqué que « pour devenir un pays véritablement développé, le Kazakhstan doit combiner des réformes politiques avec des transformations sociales et économiques profondes et globales ». Le nouveau modèle économique du pays visera en priorité l’amélioration tangible de la vie des citoyens et sera « guidé par les principes d’équité, d’inclusion et de pragmatisme », a-t-il précisé.
 
Aujourd’hui, malgré des circonstances géopolitiques difficiles, le Kazakhstan maintien des tendances positives sur les indicateurs économiques clés. L’année dernière, le PIB du Kazakhstan a atteint 104 milliards de tenges (226,2 milliards de dollars). Le pays a attiré un record de 28 milliards de dollars d’investissements directs étrangers, et son commerce extérieur a atteint 136 milliards de dollars avec 84 milliards de dollars d’exportations. Les réserves extérieures du pays approchent les 100 milliards de dollars.

Développer l’industrie de transformation

Un discours où la question de la diversification de l’économie fut centrale dans la stratégie de développement du pays, notamment pour « former un cadre industriel fort ». « Le développement accéléré de l’industrie de transformation doit être au centre des préoccupations », estime le dirigeant, pour qui le Kazakhstan doit se concentrer en particulier sur des domaines tels que le traitement des métaux, le pétrole, le gaz, la chimie du charbon, l’ingénierie lourde, la conversion et l’enrichissement de l’uranium, les composants automobiles et les engrais. Afin de créer des « clusters à forte valeur ajoutée ».
 
Mais ce développement ne doit pas se faire au détriment de la santé des travailleurs ni de la qualité de l’environnement. Concernant l’industrie extractive, le président a souligné la nécessité de « prendre des mesures décisives pour améliorer les conditions technologiques et environnementales ainsi que les systèmes de protection de la santé dans les entreprises. Les grandes entreprises industrielles doivent se soumettre à des audits technologiques et environnementaux tous les cinq ans », a-t-il annoncé. Le président a également pointé la nécessité de réformer l’exploration géologique et le système de gestion du secteur minier, devant l’absence de découvertes géologiques significatives dans un pays pourtant riche en ressources, tout en appelant aux investissements privés pour développer le potentiel de l’industrie. Il a également demandé au gouvernement d’étendre les zones d’exploration en donnant la priorité au développement des gisements de métaux rares et des terres rares.
 
Tokaïev souhaite également stimuler le potentiel touristique du Kazakhstan et a proposé de mettre en œuvre au moins 15 projets importants en collaboration avec des investisseurs étrangers et nationaux. Une autre priorité est de renforcer l’industrie de la défense, vitale pour la sécurité nationale, a-t-il déclaré, demandant au gouvernement de moderniser l’armée nationale avec des armes et des équipements modernes et de haute technologie. « D’ici la fin de l’année, le pays devrait établir une vision globale pour le développement de l’industrie, a précisé le président. Pour donner une impulsion significative à l’industrie manufacturière, les investisseurs étrangers et nationaux devraient être exemptés d’impôts et de taxes pendant les trois premières années ».

Un référendum sur le nucléaire

K.-J. Tokaïev a également annoncé que le Kazakhstan organisera un référendum national pour déterminer s’il convient de construire une centrale nucléaire. Le président kazakh a reconnu que la société était divisée sur cette question, qui représente un enjeu économique et politique majeur. « D’une part, étant l’un des plus grands producteurs d’uranium au monde, le Kazakhstan doit développer ses propres capacités de production d’énergie nucléaire... D’autre part, de nombreux citoyens expriment des préoccupations en matière de sécurité, en particulier compte tenu de l’histoire tragique du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk », a-t-il déclaré. Le pays a en effet connu près de 500 essais nucléaires menés par l’Union soviétique entre 1949 et 1991 sur le site de Semipalatinsk, dans l’est du pays. Près de 1,5 million de personnes continuent d’en subir les conséquences, et la réhabilitation environnementale est en cours dans cette zone touchée par des retombées radioactives massives.
 
Selon son président, le Kazakhstan doit devenir autosuffisant en énergie et cesser d’importer de l’électricité. Un plan de modernisation et de développement des infrastructures a été lancé pour résoudre tous les problèmes du secteur. Des projets seront mis en service au cours des cinq prochaines années pour générer de nouvelles capacités, pour au moins 14 gigawatts, a-t-il précisé.
 

Plaque tournante logistique entre l’Europe et l’Asie

Le Kazakhstan doit également, selon son chef de l’Etat, renforcer sa position de plaque tournante du transit de marchandises dans la zone eurasienne. Le développement des infrastructures est donc « une question stratégique ». Le Kazakhstan doit devenir au fil du temps « un pays pleinement équipé en termes de transport et de logistique, estime le président. La part du secteur des transports et de la logistique dans le PIB doit atteindre au moins neuf pour cent d’ici trois ans ». Le Kazakhstan va créer notamment un nouveau hub logistique à Bakhty, à la frontière avec la Chine. « Nous assistons aujourd’hui à la formation d’une nouvelle géographie économique du monde. Une croissance rapide des flux commerciaux de la Chine vers l’Europe, la Russie, l’Asie centrale et vice versa est attendue. Le Kazakhstan se situe au carrefour des routes reliant le Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest. C’est un grand avantage, qui ouvre de nouveaux horizons. Le secteur du transport et de la logistique doit devenir l'un des moteurs du développement économique du pays », a ainsi souligné Tokaïev.
 
Le président a également évoqué la Route internationale transcaspienne (Titr), appelée « Corridor du Milieu », le réseau de lignes ferroviaires et maritimes destiné à relier l’Europe à l’Extrême-Orient en contournant la Russie et en passant par la mer Noire, le Caucase, la Caspienne et en Asie centrale. Cet itinéraire, a-t-il déclaré, « jouera un rôle important dans le renforcement de notre potentiel en tant que territoire de transit. À court terme, les volumes de marchandises transportées par ce corridor pourraient être multipliés par cinq. Pour cela, nous devons unir nos efforts avec les pays partenaires, la Chine, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie ». Tokaïev a ainsi appelé à l’accélération de la construction d’un hub à conteneurs à Aktaou, sur la mer Caspienne, ainsi qu’à l’expansion des capacités portuaires le long du couloir du milieu. Fort de sa position géographique, le président kazakh souhaite en effet faire de son pays l’un des centres de transit les plus importants entre l’Europe et l’Asie.








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