La force de la gouvernance démocratique
En 1962, c’est sous la forme d’une coopérative qu’est créé le GADOL, groupement d’achat dans le secteur de l’optique, qui deviendra 7 ans plus tard Optic 2000. En quoi ce modèle est-il différent des autres modes de gouvernance et pourquoi l’avoir choisi ? Une première réponse est à trouver dans la définition même de la coopérative qui stipule qu’« une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement » (1). Concrètement, la coopérative est basée sur le principe « 1 personne = 1 voix » - contrairement aux sociétés de capitaux, qui sont divisées en parts, acquises par des actionnaires. Chez Optic 2000, chaque opticien du réseau est donc associé-coopérateur, et l’un d’eux, Didier Papaz, est élu président par le conseil d’administration lui-même démocratiquement élu.
Si Optic 2000 est resté une coopérative, c’est que cette forme de gestion, basée sur le dialogue et la concertation, permet de dépasser les logiques financières court-termistes. « En tant qu’entreprise coopérative, nous ne sommes pas soumis aux contraintes fortes de rentabilité qu’imposent certains statuts juridiques aux entreprises cotées par exemple », explique Didier Papaz. D’autant que chaque associé a intérêt à travailler pour l’image et la durabilité du groupe, puisque chacun est aussi un chef d’entreprise indépendant. Ce dernier point n’est pas neutre d’ailleurs en termes de motivation et d’engagement… et donc de performance !
Durer grâce à une gestion saine
La performance est également assurée grâce à une autre caractéristique des coopératives : leur gestion « en bon père de famille ». En effet, « les excédents de la coopérative sont prioritairement mis en réserve pour assurer son développement et celui de ses membres » (2). Les coopératives constituent ainsi des réserves impartageables, affectées durablement à l’entreprise. Comme l’explique Jean-Paul Dumortier, président de la Banque Populaire Rives de Paris, ces réserves « assurent une grande solidité aux groupes coopératifs pour faire face aux aléas de la conjoncture et aux crises financières ». Preuve en est, Coop FR, dans son panorama sectoriel des entreprises coopératives publié en janvier dernier (3), nous apprend que les coopératives emploient 5,1% des salariés, un chiffre en hausse constante depuis 2008.
De même, elles affichent un chiffre d’affaires cumulé de 307 milliards d’euros, qui progresse régulièrement depuis 10 ans. Une belle performance en temps de crise ! Les résultats d’Optic 2000 au sein d’un marché où les ventes ont chuté de 1.7% en 2014 sont d’ailleurs éloquents : la même année, les magasins d’optique de l’enseigne ont affiché un chiffre d’affaires de 943 millions d’euros… en hausse de 1.33% par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires 2015 s’élèverait lui à 840 millions selon les chiffres disponibles (4), mais ils ne concernent a priori que les magasins en France.
Des acteurs en synergie
La force des coopératives vient également (comme leur nom l’indique) de la coopération entre ses membres : transmission des savoirs, partage des outils, pouvoir de négociation... Jean-Louis Bancel, président de Coop FR, souligne : « les structures de coopération entre pairs contribuent au renforcement de tous et de chacun des membres participants, le plus souvent dans l’intérêt global de l’ensemble de l’économie locale et nationale ». Geoffrey Pionica, opticien du réseau Optic 2000, confirme : « J’ai surtout choisi le modèle coopératif qui permet de rester maître de son magasin et de son entreprise tout en offrant ce qu’il y a de mieux aux clients en termes de rapport qualité / prix ». Le secret ? La puissance du réseau.
En effet, Optic 2000, qui a obtenu le label Origine France Garantie, propose des lunettes fabriquées en France à des prix abordables. « Faire du Made in France, ce n’est pas forcément un surcoût supplémentaire. Nous sommes organisés et nous avons une puissance d’achat », explique Yves Guénin, le secrétaire général du groupe. Une démarche citoyenne et engagée qui incarne bien la singularité du modèle coopératif. Car les coopératives revendiquent haut et fort leurs valeurs.
Le moteur de l’éthique
C’est un autre fondement des coopératives : les valeurs sur lesquelles elles reposent, parmi lesquelles la solidarité, le service ou encore la proximité – qui font partie des 7 principes de la Déclaration sur l’identité coopérative (5). En soutenant la lunetterie française, mais également en dynamisant le tissu économique local (l’enseigne dispose d’un réseau de proximité composé de plus de 1200 points de vente répartis sur tout le territoire), Optic 2000, s’inscrit depuis sa création, dans le respect de ces valeurs.
La solidarité n’est pas en reste : l’entreprise soutient activement l’AFM-Téléthon, à laquelle elle reverse plus d’un million d’euros par an grâce aux recettes de l’opération « la deuxième paire à 1€ » ; elle mène aussi des actions de prévention (Tour Auto, réseau Basse Vision) ; ainsi que de nombreux projets humanitaires en France et en Afrique en lien avec son métier. « Notre « business model » est humainement sain : nous progressons en dehors de toute logique de financiarisation, car celle-ci constituerait probablement à terme une atteinte à notre vocation première, à savoir faciliter l’accès aux soins », explique Yves Guénin.
Cette éthique du métier, comme les exigences de qualité et de service qu’elle implique, a des conséquences tangibles sur les performances, et sur l’image de l’enseigne. Pragmatique, Didier Papaz observe : « performance économique et sens du service vont de pair. Les opticiens du réseau sont aussi des chefs d’entreprises, qui constatent au quotidien combien le sens de l’écoute et du service contribuent à nouer une relation durable avec les usagers ». Optic 2000 s’est d’ailleurs lancé dans une démarche qui formalise cet engagement qualité et ses valeurs sociales, avec la certification RSE AFAQ 26000, et la certification AFNOR « qualité en optique » de l’ensemble de ses magasins.
« On peut être performant et rester humain, c’est loin d’être compliqué. A condition que l’on sache discerner la performance économique pure de l’avidité », résume Yves Guénin. Une position partagée par les quelques 26 millions de membres d’entreprises coopératives (6). La France se pose même en leader coopératif en Europe. De quoi donner des idées aux futurs entrepreneurs?
En 1962, c’est sous la forme d’une coopérative qu’est créé le GADOL, groupement d’achat dans le secteur de l’optique, qui deviendra 7 ans plus tard Optic 2000. En quoi ce modèle est-il différent des autres modes de gouvernance et pourquoi l’avoir choisi ? Une première réponse est à trouver dans la définition même de la coopérative qui stipule qu’« une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement » (1). Concrètement, la coopérative est basée sur le principe « 1 personne = 1 voix » - contrairement aux sociétés de capitaux, qui sont divisées en parts, acquises par des actionnaires. Chez Optic 2000, chaque opticien du réseau est donc associé-coopérateur, et l’un d’eux, Didier Papaz, est élu président par le conseil d’administration lui-même démocratiquement élu.
Si Optic 2000 est resté une coopérative, c’est que cette forme de gestion, basée sur le dialogue et la concertation, permet de dépasser les logiques financières court-termistes. « En tant qu’entreprise coopérative, nous ne sommes pas soumis aux contraintes fortes de rentabilité qu’imposent certains statuts juridiques aux entreprises cotées par exemple », explique Didier Papaz. D’autant que chaque associé a intérêt à travailler pour l’image et la durabilité du groupe, puisque chacun est aussi un chef d’entreprise indépendant. Ce dernier point n’est pas neutre d’ailleurs en termes de motivation et d’engagement… et donc de performance !
Durer grâce à une gestion saine
La performance est également assurée grâce à une autre caractéristique des coopératives : leur gestion « en bon père de famille ». En effet, « les excédents de la coopérative sont prioritairement mis en réserve pour assurer son développement et celui de ses membres » (2). Les coopératives constituent ainsi des réserves impartageables, affectées durablement à l’entreprise. Comme l’explique Jean-Paul Dumortier, président de la Banque Populaire Rives de Paris, ces réserves « assurent une grande solidité aux groupes coopératifs pour faire face aux aléas de la conjoncture et aux crises financières ». Preuve en est, Coop FR, dans son panorama sectoriel des entreprises coopératives publié en janvier dernier (3), nous apprend que les coopératives emploient 5,1% des salariés, un chiffre en hausse constante depuis 2008.
De même, elles affichent un chiffre d’affaires cumulé de 307 milliards d’euros, qui progresse régulièrement depuis 10 ans. Une belle performance en temps de crise ! Les résultats d’Optic 2000 au sein d’un marché où les ventes ont chuté de 1.7% en 2014 sont d’ailleurs éloquents : la même année, les magasins d’optique de l’enseigne ont affiché un chiffre d’affaires de 943 millions d’euros… en hausse de 1.33% par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires 2015 s’élèverait lui à 840 millions selon les chiffres disponibles (4), mais ils ne concernent a priori que les magasins en France.
Des acteurs en synergie
La force des coopératives vient également (comme leur nom l’indique) de la coopération entre ses membres : transmission des savoirs, partage des outils, pouvoir de négociation... Jean-Louis Bancel, président de Coop FR, souligne : « les structures de coopération entre pairs contribuent au renforcement de tous et de chacun des membres participants, le plus souvent dans l’intérêt global de l’ensemble de l’économie locale et nationale ». Geoffrey Pionica, opticien du réseau Optic 2000, confirme : « J’ai surtout choisi le modèle coopératif qui permet de rester maître de son magasin et de son entreprise tout en offrant ce qu’il y a de mieux aux clients en termes de rapport qualité / prix ». Le secret ? La puissance du réseau.
En effet, Optic 2000, qui a obtenu le label Origine France Garantie, propose des lunettes fabriquées en France à des prix abordables. « Faire du Made in France, ce n’est pas forcément un surcoût supplémentaire. Nous sommes organisés et nous avons une puissance d’achat », explique Yves Guénin, le secrétaire général du groupe. Une démarche citoyenne et engagée qui incarne bien la singularité du modèle coopératif. Car les coopératives revendiquent haut et fort leurs valeurs.
Le moteur de l’éthique
C’est un autre fondement des coopératives : les valeurs sur lesquelles elles reposent, parmi lesquelles la solidarité, le service ou encore la proximité – qui font partie des 7 principes de la Déclaration sur l’identité coopérative (5). En soutenant la lunetterie française, mais également en dynamisant le tissu économique local (l’enseigne dispose d’un réseau de proximité composé de plus de 1200 points de vente répartis sur tout le territoire), Optic 2000, s’inscrit depuis sa création, dans le respect de ces valeurs.
La solidarité n’est pas en reste : l’entreprise soutient activement l’AFM-Téléthon, à laquelle elle reverse plus d’un million d’euros par an grâce aux recettes de l’opération « la deuxième paire à 1€ » ; elle mène aussi des actions de prévention (Tour Auto, réseau Basse Vision) ; ainsi que de nombreux projets humanitaires en France et en Afrique en lien avec son métier. « Notre « business model » est humainement sain : nous progressons en dehors de toute logique de financiarisation, car celle-ci constituerait probablement à terme une atteinte à notre vocation première, à savoir faciliter l’accès aux soins », explique Yves Guénin.
Cette éthique du métier, comme les exigences de qualité et de service qu’elle implique, a des conséquences tangibles sur les performances, et sur l’image de l’enseigne. Pragmatique, Didier Papaz observe : « performance économique et sens du service vont de pair. Les opticiens du réseau sont aussi des chefs d’entreprises, qui constatent au quotidien combien le sens de l’écoute et du service contribuent à nouer une relation durable avec les usagers ». Optic 2000 s’est d’ailleurs lancé dans une démarche qui formalise cet engagement qualité et ses valeurs sociales, avec la certification RSE AFAQ 26000, et la certification AFNOR « qualité en optique » de l’ensemble de ses magasins.
« On peut être performant et rester humain, c’est loin d’être compliqué. A condition que l’on sache discerner la performance économique pure de l’avidité », résume Yves Guénin. Une position partagée par les quelques 26 millions de membres d’entreprises coopératives (6). La France se pose même en leader coopératif en Europe. De quoi donner des idées aux futurs entrepreneurs?
- D’après la définition de l’Alliance Coopérative Internationale : http://ica.coop/fr/node/10584
- Article 24 de la loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014 relative à l'économie sociale et solidaire https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2014/7/31/ERNX1315311L/jo#JORFSCTA000029313344
- http://france-groupements.com/wp-content/uploads/2016/01/CoopFR_Panorama_2016.pdf
- http://www.lsa-conso.fr/decouvrez-le-palmares-des-trophees-de-la-performance-du-commerce-cooperatif-et-associe,235422
- http://www.entreprises.coop/images/documents/outilscom/qu_est_ce_qu_une_coop-coopfr.pdf
- http://www.entreprises.coop/coop-fr/actualites/1013-la-france-leader-cooperatif-en-europe-chiffres-2015.html