S'endetter à long terme, un mal ou un atout français ?



Jeudi 12 Juillet 2012
La Rédaction

La dette française attire les investisseurs, aussi le Trésor vient de lancer des obligations à 50 ans, à un taux particulièrement bas. Les marchés sont rassurés. Mais la situation de la France reste fragile.


S'endetter à long terme, un mal ou un atout français ?
Des marchés rassurés

La France n'effraie pas les investisseurs. L'Agence France Trésor peut placer ses bons du Trésor (obligations assimilables au Trésor) sans difficulté et avec les échéances qu'elle souhaite. Le Trésor peut emprunter à long terme, à des conditions très favorables en raison des difficultés de certains pays de la zone euro. Le taux à 10 ans a ainsi dégringolé jusqu'à un nouveau plus bas historique à 3 %. Le taux à 15 ans baisse à 3,50 % tandis que celui à 50 ans se stabilise à 4 %. Le Trésor souhaite profiter de cette embellie pour lancer un emprunt d'environ 8 milliards d'euros, avec une échéance 50 ans. Du jamais vu depuis l'automne 2010.

Ces conditions favorables sont dues tout d'abord aux agences de notations qui ont maintenu le triple A de la dette française. Ainsi, même si Standard et Poor's a revu à la baisse cette note, les investisseurs gardent toute leur confiance dans la signature française. Mais surtout, les pouvoirs publics marquent leur volonté de réduire les déficits et d'assainir les finances publiques. Ils annoncent un retour à l'équilibre budgétaire d'ici 2017, et souhaitent réduire le déficit à seulement 3 % du produit intérieur brut. Les mesures fiscales ont déjà été prises pour dégager 7 milliards de recettes fiscales dès cette année. Ces mesures, qui marquent une politique budgétaire rigoureuse, rassurent les marchés.
 
Le poids de la dette allégé

Cette évolution a des conséquences particulièrement heureuses pour la France. Elle peut emprunter à moindre coût sur les marchés réduisant ainsi la charge de la dette. En particulier, le budget de 2012 a été réalisé sur la base de taux plus élevés, ce qui permet d'ores et déjà à l'État de réaliser des économies. Selon les calculs des spécialistes de Bercy, les gains liés à la baisse de taux avoisineraient 700 millions d'euros. Ce montant figure dans la loi de finances rectificative, qui évalue le poids des intérêts de la dette pour 2012, à 48,1 milliards d'euros au lieu de 48,8.

Or, l'embellie continue pour la France puisque les taux d'intérêt à court terme continuent de baisser. Et la France vient de rejoindre l'Allemagne dans le club fermé des pays européens qui peuvent emprunter à taux négatifs. Le Trésor a ainsi emprunté 3,917 milliards d'euros au taux de - 0,005 % à échéance octobre. Prudentes, les estimations de Bercy n'avaient pris en compte que cette seule baisse des taux d'intérêt à 3 mois. Désormais, à eux seuls, les gains réalisés sur ce segment devraient dépasser 1,4 milliard d'euros en 2012. Et si l'on y ajoute la chute des taux à long terme, les économies seront très supérieures, puisqu'en moyenne les obligations d'État sont de 7 ans ou plus. Une bonne nouvelle certes, mais attention aux dérapages budgétaires : les marchés les sanctionneraient immédiatement.








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