Continental envisage une scission pour survivre



Jeudi 8 Août 2024
Aurélien Delacroix

En proie à des difficultés croissantes, Continental pourrait se diviser en deux entités distinctes afin de sauver sa rentabilité et de répondre aux défis du marché automobile. Cette décision radicale, annoncée récemment par le groupe allemand, pourrait marquer un tournant majeur dans son histoire.


La pression du marché automobile

La situation des équipementiers automobiles est de plus en plus préoccupante. Le ralentissement du marché et les déceptions liées aux véhicules électriques pèsent lourdement sur ces entreprises. Les constructeurs, souvent en meilleure posture, exigent des réductions de coûts drastiques de la part de leurs sous-traitants. Ceux qui ne parviennent pas à baisser suffisamment leurs prix risquent de perdre des contrats au profit de concurrents moins chers.

Continental, un des géants du secteur, n'échappe pas à cette réalité. Le groupe envisage désormais une scission pour donner plus d'autonomie à sa division pneumatiques, largement rentable, tandis que ses activités liées aux technologies et fournitures automobiles souffrent sur un marché tendu depuis plusieurs mois.

Le comité directoire de Continental a confirmé qu'il étudiait sérieusement cette option. Si la scission est validée, elle pourrait être effective dès la fin 2025. Cette démarche offrirait à la division pneumatiques et plastiques une plus grande visibilité et indépendance, tout en permettant à la partie automobile de chercher des financements en Bourse, bien que rien ne soit encore acté à ce sujet.

Nikolai Setzer, le PDG de Continental, a justifié cette décision par la nécessité d'une plus grande flexibilité et d'une liberté entrepreneuriale accrue face aux dynamiques changeantes du marché et à la transformation technologique pilotée par les logiciels. « Nous visons à diviser Continental en deux entreprises indépendantes », a-t-il déclaré, soulignant que cette scission pourrait créer de nouvelles opportunités compétitives et permettre des investissements ciblés dans l'électronique automobile.

Le pôle automobile de Continental, qui emploie environ 100.000 personnes et génère un chiffre d'affaires de 20,3 milliards d'euros, se spécialise dans les systèmes de freinage, les capteurs, les tableaux de bord et les logiciels. Le président du conseil de surveillance, Wolfgang Reitzle, a souligné que cette nouvelle étape permettrait d'investir davantage dans une entreprise dédiée à l'électronique automobile.

D'un autre côté, les activités de pneus et d'ingénierie, regroupées sous la division ContiTech, resteraient au sein du groupe. Rentables, ces secteurs emploient également près de 100.000 personnes et contribuent de manière significative aux revenus de Continental.

Retour à la case départ pour Continental

Cette stratégie de scission marque un retour aux sources pour Continental, fondé en 1871 et connu principalement pour ses pneumatiques. Au fil des décennies, le groupe a diversifié ses activités en intégrant des équipements de freinage et de châssis, ainsi que des technologies électroniques. Cependant, cette diversification a généré des pertes malgré des plans de restructuration.

En 2018, Continental a commencé à se recentrer sur ses activités de base en créant des entités distinctes pour ses divisions pneumatiques, transmissions et châssis. En 2021, la division transmissions a été externalisée sous le nom de Vitesco Technologies, marquant une étape importante dans la transition vers le marché de l'électrique. Le projet de scission de la division automobile pourrait constituer la troisième étape de cette réorganisation. En effet, cette division, bien que positionnée sur des segments à fort potentiel tels que les capteurs et les logiciels de conduite autonome, peine à s'imposer face à la concurrence mondiale et consomme beaucoup de ressources en recherche et développement (12 % du chiffre d'affaires).

Les investisseurs critiquent le manque de synergies entre les différentes activités de Continental, et les difficultés rencontrées par les constructeurs allemands en Chine pèsent également sur son activité automobile. De plus, le passage à l'électrique et les conséquences de la crise du Covid-19, ainsi que la pénurie de semi-conducteurs, ont affaibli le groupe. La présidente du syndicat IG Metall, Christiane Benner, a déclaré que cette décision pourrait être la « dernière sortie avant l'impasse » pour Continental. Le groupe, détenu à 46 % par la famille Schaeffler, réfléchit donc à renoncer à ses ambitions initiales malgré le potentiel des métiers du logiciel et de l'électronique dans l'automobile.




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