Oberthur Fiduciaire : l’épopée d’une « Maison » française



Vendredi 26 Août 2016
La Rédaction

Histoire, ancrage, discrétion et tradition semblent ne plus être l’apanage des Grandes Maisons de luxe françaises. C’est sur ces mêmes valeurs que se fonde également l’identité d’une entreprise comme Oberthur Fiduciaire, champion mondial de l’impression de billets de banque et véritable ambassadeur de la French Touch à l’étranger. Retour sur l’épopée de cette « Maison » traditionnelle française dont l’ADN fait encore aujourd’hui le succès à l’international.


(Credit : Oberthur Fiduciaire)
(Credit : Oberthur Fiduciaire)
Un savoir-faire séculaire en matière d’esthétique

Un bond de plus d’un siècle et demi en arrière semble nécessaire pour comprendre ce qui fait d’Oberthur Fiduciaire ce qu’elle est aujourd’hui. L’histoire commence en 1842 lorsque François-Charles Oberthur pose la première pierre de l’édifice en ouvrant son imprimerie à Rennes.

Dès ses origines, l’entreprise place son sens de l’esthétique à la française au cœur de sa philosophie du métier : graphisme et sens du détail nourrissent ainsi ses productions et déjà la « signature Oberthur » se distingue. «L’histoire d’Oberthur est ponctuée d’anecdotes qui témoignent de la réputation de l’entreprise en matière de raffinement et de qualité d’impression»  se souvient Thomas Savare, directeur général d’Oberthur Fiduciaire.   

D’abord reconnue pour ses produits millésimés, l’entreprise acquiert rapidement de la notoriété et se diversifie. Editeur de l’Almanach postal, elle est aussi à l’origine du Répertoire des couleurs qui, pendant longtemps, servira aussi bien de référence dans la définition des teintes, que de socle à la sensibilité graphique de la Maison. Ce que Thomas Savare revendique en ces termes : « Aujourd’hui encore, nous cherchons à cultiver ce sens de l’esthétisme, et le mettons au service des cultures du monde entier ».

C’est bien plus tard, en 1984, alors qu’elle traverse de graves difficultés financières, que la Maison est rachetée par la famille Savare. Un tournant stratégique pour ce « diamant enfoui dans la boue » qui commence alors son internationalisation ainsi que sa diversification technologique, notamment dans les dispositifs de sécurité et l’électronique bancaire. L’entreprise s’inscrit d’ailleurs à cette époque parmi les précurseurs de la carte à puce, activité qu’elle cède en 2011 pour se recentrer sur son unique cœur de métier d’aujourd’hui, l’impression de billets de banque, dans l’objectif revendiqué de cultiver l’excellence opérationnelle.

Riche de cette double expertise, à la fois dans l’impression de haute technicité et les moyens de paiement, l’entreprise accroît ainsi sa position concurrentielle dans l’impression de billets de banque jusqu’à devenir le n°3 mondial et compter dans les rangs de ses clients pas moins de 70 banques centrales à travers le monde.

Un succès que l’entreprise doit notamment à son approche « sur-mesure » du métier et à son identité française qui véhicule aux yeux de ses clients internationaux une certaine idée du haut de gamme. Car « ce qu’exporte une entreprise comme Oberthur Fiduciaire, c’est aussi sa légende, son image de marque. » (3)

Oberthur Fiduciaire : la « French Touch » comme tremplin

Au service de banques centrales, Oberthur Fiduciaire est une entreprise internationale par essence. Mais l’entreprise reste fidèle à ses racines françaises et y puise même un puissant argument de négociation. « La réputation de bon goût des Français comme le prestige attaché au savoir-faire d’une entreprise séculaire ne sont probablement pas tout à fait étrangers au succès d’Oberthur Fiduciaire » confie Thomas Savare.

Les billets Oberthur Fiduciaire pourraient ainsi être décrits à la manière d’un Champagne Ruinart ou d’un sac Hermès : comme l’expression même de l’art du raffinement à la française. Tout comme eux, un billet de banque, de sa conception à sa production, est minutieusement pensé avec ce même sens du détail et de l’excellence. Thomas Savare explique par exemple que « l’esthétique et le design sont (…) pour [Oberthur Fiduciaire] des questions essentielles ». Un goût du haut de gamme au cœur même de ces billets qui en fait des œuvres d’art faisant « sens dans l’esprit des citoyens ».

D’ailleurs, « chaque imprimeur a son propre style » et la signature d’Oberthur Fiduciaire est décidément à part. La Maison a su faire son miel d’une French Touch, à la fois traditionnelle et moderne,  pour en faire sa marque de fabrique sur un marché globalisé, voire aseptisé au goût de certains. Le soin apporté au design est d’autant plus important qu’un billet de banque peut être considéré comme «un élément constitutif de l’identité d’une nation », estime Thomas Savare.

Un seul objectif : l’excellence

Cette philosophie du métier structure ainsi la vision d’Oberthur Fiduciaire depuis sa création, ce qui représente pour son dirigeant « un gage d’excellence et donc de compétitivité ».

Pour autant,  « [le design] un critère éminemment subjectif, qui ne suffit pas en soi à déterminer la qualité d’une candidature », tempère Thomas Savare, qui explique que « les technologies de sécurité intégrées, la durée de vie du billet ou sa composition entrent en jeu. On ne travaille pas uniquement la surface et la texture du billet : nous faisons également un travail en profondeur, sur la matière. »

C’est ce qui explique par ailleurs la part importante des investissements concédés à la R&D. C’est au travers de produits exclusifs tels que l’Arc-en-ciel (irisation des couleurs) ou le Dynamic (concept de sécurité imprimé à effets optiques dynamiques) que s’expriment par exemple les enjeux de sécurité auxquels sont confrontés ces imprimeurs de haut rang.

« Les banques centrales font appel à des imprimeurs privés pour leur fournir un support qui véhicule un sentiment confiance, au-delà de sa simple valeur faciale », poursuit le directeur général d’Oberthur Fiduciaire. En effet, « avec la montée en puissance des moyens informatiques, la démocratisation de moyens d’impression très performants et des outils de CAO, [la contrefaçon de billets de banque] est de moins en moins une question de talent pur. Le temps des « artistes » qui travaillaient dans le fond d’un garage est révolu. Les faussaires se sont professionnalisés et organisés.  A tel point que derrière chaque réseau de faussaires, on trouve forcément des ingénieurs ».

Thomas Savare avoue finalement qu’«avoir plusieurs longueurs d’avance sur les contrefacteurs» constitue le principal défi quotidien relevé par les ingénieurs d’Oberthur Fiduciaire. Mais n’est-ce pas le propre des maisons de luxe à la française, finalement, que d’être en prise permanente avec les ateliers-copieurs du monde entier ? Après tout, « l’imitation est la plus sincère des flatteries* »…

* Charles Caleb Colton, « Lacon, or Many Things in Few Words »




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