Insertion professionnelle : les enjeux en temps de crise



Vendredi 17 Mai 2013

Dans le contexte actuel, l’accès à l’emploi s’apparente à la quête du Graal, notamment pour les jeunes, les chômeurs de longue durée et les seniors. Alors que la barre des trois millions de chômeurs a été franchie, les offres d’emploi profitent généralement... aux « insiders » du marché du travail, c’est-à-dire à des personnes qui sont déjà en poste. Il est temps que cela change.


Insertion professionnelle : les enjeux en temps de crise

Plus que jamais, l’insertion professionnelle est source d’inquiétude

La France affiche en février 2013 son 22ème mois de hausse consécutive du chômage, le record historique en valeur absolue du nombre de chômeurs approche à grands pas…  Les faits et chiffres ont de quoi faire frémir citoyens, analystes et dirigeants politiques. D’autant que certaines catégories sont plus particulièrement touchées. Le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans, par exemple, atteint désormais 24,2%, contre 10,3% en moyenne sur l’ensemble de la population. Seniors, personnes handicapées mais aussi chômeurs de longue durée sont plus concernés que les autres par les difficultés d’accès à l’emploi.

Pourtant, année après année, des expérimentations sont menées pour redresser la barre. Tous les gouvernements, depuis la fin des années 70  lancent des dispositifs qui se heurtent à la réalité économique. Les dernières mesures en date, qui ressemblent cruellement aux emplois jeunes des années Jospin, sont les emplois d’avenir et les contrats de génération.  Au regard de l’expérience passée, on peut légitimement douter de leur efficacité.

L’employabilité du salarié, un concept clé de la politique de l’emploi

En effet il ne suffit pas d’imposer des taux ou des quotas d’embauche aux entreprises, pour réussir une politique d’insertion professionnelle. C’est une évidence : l’emploi ne se décrète pas…encore moins quand la croissance n’est pas au rendez-vous. Dans le même temps, il ne suffit pas que des emplois soient à pourvoir pour que le chômage baisse. Le cœur de la démarche est plus profond : il s’agit de faire coïncider les compétences des salariés et les besoins des entreprises. En un mot, il faut renforcer l’employabilité : c’est-à-dire « l'aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s'adapter au changement tout au long de la vie professionnelle », selon la définition qu’en donne l’OIT.

Dans cette optique, le rôle de la formation continue est crucial. Le rapport Larcher paru en avril 2012 l’évoque d’ailleurs à travers un titre éloquent : « La formation professionnelle : clé pour l'emploi et la compétitivité ».  Ce rapport préconise notamment l’orientation prioritaire de la formation professionnelle envers les publics particulièrement touchés par les difficultés d’insertion. Il pose un diagnostic que partage Christian Janin, Responsable National CFDT Emploi et Sécurisation des parcours professionnels, quand il explique nous sommes« devant une difficulté historique. Le système français s'est construit sur l'indemnisation et non sur le mécanisme de retour à l'emploi. »

Les professionnels de l’insertion ont donc un rôle majeur à jouer, pas seulement auprès des chômeurs, mais aussi de façon générale auprès des salariés qui sont tous destinés à connaître une période de chômage ou de transition professionnelle au cours de leur vie. C’est en tout cas l’idée défendue par Yves Hinnekint, le directeur général d’Opcalia, un organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) en charge de la formation professionnelle. « Notre objectif numéro un en terme d'employabilité reste la sécurisation des parcours professionnels, grâce à la formation des salariés en chômage partiel, les actions d'insertion des publics fragilisés ou l'accompagnement des licenciements économiques », avance-t-il. Sans oublier, bien sûr, les spécificités propres à chaque secteur d’activité ou à chaque région : « nous déclinons nos études comme notre présence à plusieurs niveaux: filières, bassins d'emploi, groupements d'employeurs, pôles de compétitivité. (…) Les constats dressés à l'échelle nationale ne sont pas forcément transposables à l'échelle d'un territoire particulier, et encore moins au cas spécifique de chaque entreprise. »

Les OPCA, qui sont les organismes collectant et redistribuant les contributions obligatoires des entreprises pour les dispositifs de formation professionnelle, sont aussi les spécialistes pragmatiques des dispositifs juridiques en matière de formation qui fondent leur expertise sur la connaissance qu’ils ont des besoins opérationnels sur les territoires des entreprises et des salariés en matière de développement des compétences. Ils interviennent aussi dans certains cas de figure très spécifiques. Opcalia est ainsi intervenu pour accompagner l’embauche par Cofidis de 10 demandeurs d’emploi handicapés, en se chargeant de l’analyse ergonomique des postes et de l’assistance au recrutement. L’OPCA interprofessionnel et interbranche est également à la manœuvre en situation de crise : « Opcalia est intervenu auprès d'anciennes salariées de Lejaby en 2012 pour assurer leur reconversion en opératrices de maroquinerie (Sofama) ou auprès de Baccarat en 2008 afin de sécuriser les parcours professionnels de ses salariés, alors confrontés à une forte baisse d'activité de leur entreprise », explique Yves Hinnekint. Opcalia mobilise en outre, son réseau local - composé de 117 antennes territoriales en métropole et en outre-mer. « Etre efficace induit aussi que l'on se positionne en interlocuteur de proximité pour les entreprises et les salariés en lien avec les collectivités territoriales car la vraie vie est là», rappelle son directeur général.

La proximité au cœur du dispositif

S’il est essentiel que la bataille pour l’emploi et l’insertion professionnelle soit insufflée au niveau national avec des dispositifs globaux, elle ne peut pas se passer de relais politiques locaux, les régions notamment qui connaissent les spécificités territoriales et disposent des outils de formation nécessaires pour agir  efficacement. La Région Alsace par exemple a mis en place un projet articulé autour de la découverte des entreprises et des métiers, et d’actions de formation professionnelle afin « d’amener chaque individu à améliorer sans cesse son niveau de compétence et donner aux personnes en difficulté la chance de se former pour exercer ensuite un véritable métier. » Une démarche qui aboutit à ce que la région Alsace, concrètement, «  contribue à l’élévation du niveau de qualification des salariés et au maintien de l’emploi. Elle intervient au côté des différents partenaires (employeurs, OPCA, ASSEDIC, Etat, etc.) pour former les personnes faiblement qualifiées, renforcer le niveau de qualification des personnes en emploi à travers les démarche de VAE ou de qualification et accroître «l’employabilité» des actifs occupés se trouvant sur le marché du travail », précise-t-elle. Le projet de loi de mobilisation des régions pour la croissance et l'emploi et de promotion de l'égalité des territoires présenté au Conseil des ministres du 10 avril 2013, renforce ce rôle en conférant aux régions la responsabilité du développement économique et des aides aux entreprises. Il fait également des régions des acteurs majeurs de la politique menée en faveur de l'emploi et de le jeunesse en les rendant pleinement compétentes en matière de formation professionnelle et d'apprentissage et en leur conférant un rôle de coordination et d'animation du service public de l'orientation.

Il existe cependant d’autres échelons concernés par l’emploi : les villes, les métropoles, les départements qui ont la charge du revenu de solidarité active (RSA).  Ainsi le Conseil Général de Vendée, a agi pour faire du RSA un levier de développement de l’emploi à travers notamment des actions de formation qualifiantes dans les métiers qui recrutent. « Formations, recherche d'emploi, stages, chantiers d'insertion, aide à la mobilité, micro-crédits, aides aux gardes d'enfants, la Vendée avait créé autour du RMI de nombreux outils. Le Département va mobiliser à nouveau tous ses moyens pour innover encore », peut-on lire dans un communiqué du Conseil général.

Sortie de crise : mettre l’accent sur les compétences et l’employabilité

Favoriser l’insertion professionnelle, c’est accompagner les mesures législatives par des actions concrètes, sur le terrain, visant à renforcer l’employabilité des salariés. C’est à cette seule condition que salariés et entreprises y trouveront leur compte. Pouvoirs publics, acteurs locaux et spécialistes de la formation ont tous un rôle à jouer dans la mise en place de ce cercle vertueux, ils font partie de la fameuse « boîte à outils » chère au Président de la République et qui, utilisée à bon escient, pourrait bien être un levier incontournable de la sortie de crise.  








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